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DEBRIDEE
14 septembre 2006

Une soif d'amour

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R
oman de la jalousie et du désir sensuel. Un drame sanglant dans une classique famille bourgeoise japonaise. Une jeune veuve est amoureuse d'un domestique de son beau-père. Ce dernier, un vieillard, est quant à lui l'amant de sa bru. Une oeuvre dure, peuplée de personnages pour qui le mot amour ne veut rien dire (d'où le titre), et qui illustre avec une grande maîtrise "la splendeur et le malheur également absolus de l'érotisme"
(J.-J. Brochier).


Une soif d'amour (Thirst for love)
de Yukio Mishima



gif_extrait

"(...) Mais ce n'était pas là ce qu'elle redoutait le plus. N'étais-ce rien d'autre que la vie elle-même ? La vie, cette mer complexe, illimitée, pleine d'un assortiment d'épaves flottantes, roulant de violentes et capricieuses vagues dont les verts et les bleus, cependant, restaient toujours limpides."

"Nous sommes moins profondément blessés lorsque notre espoir est trahi dans les choses que nous espérons que dans celles que nous tentons de mépriser."

"Nul être humain ne peut être assez honnête pour devenir complètement faux."

"Quelques mois plus tôt, elle avait souhaité mourir avec son mari, la mort d'une veuve indienne. La mort sacrificielle qu'elle imaginait était une chose occulte, un suicide commis moins à cause de la disparition de son mari que par jalousie de cette mort. Ce qu'elle désirait n'était pas une mort habituelle, ordinaire, mais une morte lente sur une période de temps prolongée. Ou bien cette jalousie ne cachait-elle pas quelque chose qui lui permit de ne plus jamais éprouver de jalousie ? Derrière ce désir malsain, aussi sordide que le désir de toucher une charogne, n'y avait-il pas une fervente aspiration de possession exclusive, une avidité sans objet ?"

"Ainsi, j'ai vu mon mari me revenir enfin, reparaître devant mes yeux, comme si une épave flottante était rejetée devant moi sur la rive. Je me penchais sur la surface de l'eau pour examiner minutieusement cet étrange corps souffrant. Comme la femme d'un pêcheur, j'étais allée chaque jour sur le rivage de la mer. J'avais vécu seule et j'attendais. C'est ainsi que j'ai finalement trouvé ce corps échoué dans l'eau calme, parmi les rochers de la baie. Il respirait encore. L'ais-je tiré tout de suite hors de l'eau ? Non, je ne l'ai pas fait. Avec ferveur, avec passion, avec persévérance, sans me reposer ni dormir, je suis restée penchée au-dessus de l'eau pour le regarder fixement. Jusqu'à son dernier souffle, j'ai contemplé ce corps qui respirait encore, complètement immergé, pour voir s'il gémirait encore. Je savais que si je le ressuscitais, cette épave me quitterait. Elle fuirait sans aucun doute avec la marée vers quelque lointain rivage pour ne plus jamais revenir."

"Sa passion était un terrible et authentique témoignage de la passion humaine illimitée de se torturer soi-même. La passion qu'elle dépensait à profusion pour la seule destruction de ces espérances était une échelle modèle de l'existence humaine, peut-être fuselée, peut-être infléchie."

"- Mais pourquoi, oh, pourquoi devais-tu le tuer ?
- Parce qu'il me faisait souffrir.
- Mais ce n'était pas sa faute !
- Ce n'était pas sa faute ? Mais si ! Il a eu ce qu'il méritait pour me faire du mal. Personne n'a le droit de me faire souffrir. - C'est inadmissible.
- Et qui peut décider que c'est inadmissible ?
- Moi. Et ce que je décide, personne n'y peut rien changer.
- Tu es une femme effrayante !"


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Blue Geisha, par Steven Ness

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Commentaires
J
Si tu veux me prêter je suis libre comme l'air..sourire.<br /> <br /> Sur le dos... un sur le dos, torse et épaule gauche puis ce devrait être fini...
E
C'est vrai qu'elle est belle...tu as de la chance que je sois prêteuse ;-) tu sais déjà où ?
J
je ne me remets pas de cette blue geisha, surtout à l'heure où je songe à un nouveau tatouage...<br /> <br /> merci de me l'avoir "présentée"
J
J'aurai du mal à répondre à ta question car le temps a passé, il y a le cycle de la mer de la fertilité que j'avais beaucoup apprécié. <br /> <br /> Chez Mishima il y a cette violence, ces fracas qui s'abattent, parfois l'on s'étonne qu'un roman soit doux et puis inévitablement la mort s'installe.<br /> <br /> J'ai lu sur lui une biographie et un essai de M. Yourcenar "Mishima ou la vision du vide" qui éclarent assez bien son personnage contrasté et fascinant. Fascinant par sa démesure et par l'obsession, la répétition du thême du suicide, son suicide il l'a joué , photographié, décrit.<br /> <br /> Le film qui lui est consacré se nomme "Mishima a life in four chapters". J'en garde un bon souvenir, il alterne moments de son dernier jour et mise en scène théatrale de certains de ses romans.<br /> <br /> "la vision du vide", c'est beau n'est ce pas?<br /> <br /> Je t'embrasse
E
Je n'ai pas vu ce film...quel est son titre ? Mishima et moi, c'est une histoire qui commence...j'ai croisé son nom bien des fois mais jusqu'ici, je n'avais pas poussé plus avant la curiosité. Ce premier livre est celui de la découverte, heureuse, je comptes bien poursuivre l'exploration de son univers. Lequel est ton favori ?
DEBRIDEE
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